3 questions à Nicolas Martin
Nicolas Martin, Journaliste, auteur et créateur du podcast Réalisé sans trucage
Les sciences peuvent-elles nourrir le genre SFFF (science-fiction, fantasy et fantastique) ? Quelles histoires raconter dans un monde en crise (sociale, écologique, politique) ? Qu’est-ce qu’être résilient ? Auteur et journaliste aux multiples casquettes, Nicolas Martin nous apporte son éclairage pour le moins fascinant.
Est-ce que la culture scientifique influence ton travail de romancier ? Si oui, comment ?
Oui bien entendu, surtout après mon expérience de six ans à La Méthode Scientifique (France Culture 2016-2022). Je cherche toujours à me rapprocher le plus possible d’un vraisemblable scientifique, pour faire en sorte que les éléments fantastiques – ou de science-fiction – soient crédibles, paraissent ancrés dans un réalisme scientifique. Il m’arrive souvent de contacter des chercheuses et des chercheurs pour m’entretenir avec eux, et voir jusqu’où je peux pousser le curseur du surnaturel tout en lui laissant les atours du réel.
Dans un moment où les crises se multiplient (sociale, politique, climatique…), quelles histoires raconter ?
C’est une vaste question, qui se pose à chaque fois que nos sociétés traversent des périodes de crises. Or, ces périodes étant de plus en plus fréquentes et de plus en plus soutenues, elles influent inévitablement sur nos imaginaires. Toute œuvre d’art est le produit – même lointain – du contexte socio-politico-économico-culturel dans lequel elle est produite. Pour autant, je ne crois pas qu’il faille s’atteler à produire à tout prix une « littérature de crise ». Les littératures de l’imaginaire sont coutumières de l’anticipation et de la métaphorisation des éléments les plus abrasifs de notre quotidien.
C’est quoi pour toi, être résilient ?
C’est un terme que je n’apprécie guère pour être honnête. Être résilient signifie, en creux, qu’il faudrait se conformer à la dégradation du réel et en digérer les pires excès de façon à trouver les moyens de vivre avec. Ma philosophie serait plutôt révolutionnaire : cessons de nous faire maltraiter par les forces thanatogènes, mettons à bas les puissants tortionnaires et recréons collectivement un ordre social plus juste et plus protecteur.
Suivez le travail de Nicolas Martin :
> Auteur de Fragile/s (Au diable vauvert, 2024) et de Dans ma maison sous terre (Esquif, 2025).
> Créateur et podcasteur de Réalisé sans trucage.
> Programmateur au festival Mauvais Tours.