3 questions à Sylvain Ferret
Pour cette première édition de Capsule – la newsletter Science & Fiction des Mycéliades – nous avons voulu tendre notre « micro » à Sylvain Ferret, auteur, bédéaste et créateur de l’affiche du festival. Son processus de création, ce que représente le terme « Résiliences » pour lui… Sylvain vous dévoile les coulisses de la création de l’affiche et ses meilleurs références SF !
Quel a été ton processus de création pour cette affiche ?
Je suis vraiment super reconnaissant au festival de continuer à me faire confiance pour travailler sur l’illustration de l’affiche. Chaque année c’est une nouvelle expérience avec un nouvel univers à explorer. Le processus est toujours le même, on me brief sur la thématique principale et les réflexions graphiques, les envies etc. Cette année l’idée avec le thème de résilience c’était de travailler sur du post apo mais sans que ce soit déprimant… Et heureusement qu’ils et elles me l’ont dit avant que je commence parce que j’ai quand même une bonne tendance à m’orienter graphiquement vers les trucs très sombres haha. Le brief était assez concis, j’ai proposé une esquisse en couleur comme à chaque édition. Les équipes ont digéré tout ça, m’ont fait quelques retours, surtout des histoires de composition pour la lisibilité des titres. J’ai fait une deuxième version modifiée, qui a été validée avec enthousiasme. À partir de là j’ai produit l’affiche jusqu’au bout et ma technique est très simple, je travaille en numérique, je fais un crayonné, encrage, couleur et paf : Mycéliades. En tout, je travaille une petite semaine pour terminer l’illustration.
Des recommandations SF sur le thème des résiliences ?
Je vais prêcher un peu pour ma paroisse, mais j’ai lu une bd de SF qui s’appelle L’Héritage fossile (Delcourt, 2024) de Philippe Valette et j’ai beaucoup aimé et c’est clairement dans le sujet. En roman je pourrais parler de Un psaume pour les recyclés sauvages (L’Atalante, 2022) de Becky Chambers (solaire, résilience positive) ou Viendra le temps du feu (Cambourakis, 2021) – que j’ai lu récemment – de Wendy Delorme. (Sinon je suis auteur d’une trilogie bd qui parle d’effondrement, ça s’appelle Talion (Glénat, 2022) et je recommande haha).
Mais pour parler cinéma, c’est très difficile parce que je pense que la résilience est présente dans beaucoup de mes œuvres fondatrices, le dépassement, la résistance, l’optimisme, les luttes sociales, écologiques, humanistes me touchent particulièrement. Je pourrais citer un peu au pif Interstellar, Les Fils de l’homme, District 9, V pour Vendetta (la bd aussi bien sûr), Dune (les romans aussi bien sûr), et plus récemment un film d’animation qui s’appelle Wild Robot (Le Robot sauvage) et qui m’a fait pleurer fort fort haha. Je pense aussi aux jeux vidéos, Horizon, The Last of us, Death Stranding, Stray etc.
C’est quoi pour toi, être résilient ?
Mes scénarios sont souvent teintés d’une forme de mélancolie dramatique, sur le temps qui passe, la violence des êtres humains envers eux même et leur environnement. Pendant longtemps j’étais assez pessimiste, profiter du temps présent tout en sachant que le capitalisme et ses conséquences nous amenait de plus en rapidement vers l’effondrement m’allait très bien. Je pouvais trouver mon bonheur dans la chance qui m’était donnée d’exister et d’en être conscient.
J’ai une fille de 8 ans, je suis entouré de gens que j’aime, nous avons des projets, nous avons envie de construire, de transmettre et d’espérer. Je ne sais pas si c’est rationnel, c’est un choix. Une forme de lutte et c’est peut être ça ma résilience. Quelques lignes ne suffisent pas pour en parler, surtout en étant seul à écrire, toutes les questions existentielles m’amènent généralement plus de nouvelles questions que de réponses. Nous avons toutes et tous des moyens d’être résilients je suppose. J’ai beaucoup de chance, je suis un privilégié, un homme blanc hétérosexuel, valide, vivant dans une démocratie, ma résilience ne demande pas beaucoup d’efforts. J’essaie de vivre libre en ayant conscience des conséquences de ma liberté, de mon impact, et en essayant de faire le maximum pour le réduire.
Les différentes étapes de réalisation de l’affiche de la 4e édition du festival Les Mycéliades. © Sylvain Ferret